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La pensée du soir
17 novembre 2017

Une évaluation insuffisante du coût de l’antibiorésistance aux antibiotiques

Bien que les dangers liés à la résistance croissante des bactéries aux antibiotiques soient connus, deux économistes de la santé anglais s’interrogeaient dans un article publié en 2013 sur les raisons pouvant expliquer le manque ou la mise en place tardive d’actions visant à en limiter la progression. L’une de leurs hypothèses concernait les processus d’orientation des politiques de santé publique, basés sur l’évidence scientifique et qui arbitrent les priorités de santé selon leur poids en santé publique ainsi que le coût-efficacité des interventions. Ils faisaient alors le constat que les économistes de la santé avaient été jusqu’à présent « incapables de démontrer que la résistance aux antibiotiques coûte suffisamment pour être une priorité de santé ». En 2001, ces mêmes auteurs ont conduit une revue systématique de la littérature pour l’OMS qui soulignait la grande rareté des travaux concernant le coût de la résistance. Mise à jour en 2012 pour le Département de la santé anglais, cette étude soulignait les progrès réalisés en la matière en 10 ans. Cependant, le coût additionnel estimé pour une infection à bactérie résistante pouvait varier de 5$ à 55 000$ selon les études et les bactéries étudiées. La qualité des travaux retenus pour analyse n’était pas remise en cause, mais ceux-ci n’étudiaient le coût de la résistance que de manière partielle en se restreignant seulement à certaines bactéries ou types d’infections. Les coûts mesurés étaient limités au surcoût engendré par la prise en charge ou la mortalité liée à une infection à bactérie résistante. Enfin, la plupart de ces études étaient conduites aux Etats-Unis. Un récent article a résumé les limites actuelles des études disponibles. Premièrement, il existe des problèmes classiques liés à leur qualité : absence d’ajustement sur plusieurs facteurs dont la durée de séjour avant l’infection, le terrain et les comorbidités des patients, le caractère approprié ou non d’une antibiothérapie empirique. Par ailleurs, ses auteurs soulignent que la grande variabilité des coûts mesurés est aujourd’hui associée à l’hétérogénéité ainsi qu’à la taille des populations étudiées, au choix des groupes témoins, ou encore à celui des sites infectieux et agents pathogènes retenus. Cet article rappelle également les difficultés liées à des définitions variables de la résistance aux antibiotiques, ou à des durées de suivi des patients trop courtes. Enfin, il souligne les limites des études n’associant pas plusieurs perspectives : celles du patient et de ses assurances pour la prise en charge médicale de l’infection, celles de l’hôpital liées aux mesures mises en place en termes de contrôle des bactéries résistantes, et celles de la société en termes de perte de productivité. De nombreux travaux supplémentaires sont donc nécessaires pour évaluer le coût de la résistance aux antibiotiques.

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